Conférence avec le père Laurent Stalla-Bourdillon

Conférence Laurent Stalla Bourdillon

Être humain, être de paroles – Conférence du 25 mars. Pour la troisième de son cycle, la Fondation Saint Matthieu a eu l’honneur de recevoir le père Laurent Stalla-Bourdillon, prêtre et théologien catholique français.

Conférence 25/03
Conférence 25/03

La réflexion contemporaine a un angle mort : la nature humaine. Or c’est de notre réponse à cette question que dépendront nos orientations de vie, individuelles et collectives.  

Nous sommes tous placés devant une énigme : la signification de la vie que nous avons reçue. Elle est une question pour chacun d’entre nous. La vie se présente sous forme de question ouverte. L’édification de la personne se trouve dans la réponse qu’elle y apporte.  

Or notre époque feint de ne pas avoir à répondre à cette question. Notre vie, pourtant, ne se réalise pas d’elle-même : l’homme doit se concevoir lui-même. Si l’homme se conçoit de travers, il se blesse. Les violences dans le monde viennent du fait que l’homme n’accède pas à une juste idée de ce qu’il est.  

Pour le père Laurent Stalla-Bourdillon, la nature de l’homme est d’être doté de parole. Mais qu’est ce qui est en jeu dans le fait que nous parlions ?  

L’être humain vit de parole

La parole (différente du langage, qui en est une modalité d’expression) est le logos, la capacité à produire une parole. Elle n’est pas forcément vocale : on parle même lorsqu’on se tait, en pensant avec soi. C’est la spécificité de l’âme humaine. Elle est dotée de la capacité de donner du sens et de le recueillir dans un logos

Notre époque est marquée par la tyrannie de la visibilité : je suis ce que l’on voit de moi. Or la nature humaine est un composé, corps et âme. La tyrannie de la matérialité nous entraîne à supposer que c’est le cerveau qui produit la pensée. La capacité de produire du sens, qui vient de l’âme, est attribuée à la matérialité. Selon le père Stalla-Bourdillon, la « possibilité qu’il existe un principe spirituel qui transcende le corps est un défi contemporain à sauver aujourd’hui ». 

Les deux éléments qui nous constituent – corps et âmes – ont besoin d’être nourris pour vivre. Il nous faut donc aussi nourrir la vie spirituelle ; et c’est de paroles qu’on la nourrit. Nous assimilons quotidiennement des paroles : or seules certaines nous nourrissent.  

Il existe en effet deux types de paroles : des paroles bienfaisantes et des paroles toxiques. Il est précieux de garder en mémoire les paroles bienfaisantes. 

Au moyen des paroles bienfaisant que nous assimilons, nous produisons du sens grâce auquel nous accédons à notre identité. Le rôle de l’enseignement catholique est ainsi de diffuser une parole qui permette aux élèves de formuler une idée juste de ce qu’ils sont, qui les conduise au bonheur. Il faut être nourri de bonnes paroles pour accéder à une idée correcte de ce qu’on est, à une juste idée de la nature humaine. 

L’enjeu concerne aussi notre prochain. Si l’on veut prendre soin des autres, il faut veiller aux paroles qu’ils vont assimiler. Nous sommes responsables des paroles que nous proférons. 

Dieu par sa parole donne la vie 

Ce que prêche l’Église, c’est que l’homme vit de la Parole de Dieu. Pour vivre, l’homme a besoin que Celui qui l’a fait lui dise qui il est. La conviction de l’Église est que la condition de vie de l’homme est le fait-même que Dieu lui parle. 

La Parole de Dieu est une promesse. Elle nous est donnée dans l’histoire biblique. Par la Révélation, Dieu nous dit à ce que nous ne pouvons pas trouver seuls. La Parole de Dieu a un seul objectif : nous révéler que la vie ne s’arrête pas avec la mort. La vie n’est pas ce qui précède la mort ; c’est ce qui ne peut pas mourir. La personne qui se nourrit de cette Parole devient elle-même parole d’amour.   

Comment entendons-nous la parole de Dieu ? par la révélation évangélique. C’est un homme, Jésus, qui parle par sa vie. Jésus est le Verbe, la Parole de Dieu. Grâce à l’Incarnation, nous apprenons que rien ne communique mieux à l’homme la pensée de Dieu que l’homme lui-même. Ainsi, la modalité par laquelle la parole divine se donne est l’Incarnation. Et la parole de Dieu devient sacramentalement présente dans la communion.  

La parole que je suis en personne

Les enseignants sont une parole vivante : Dieu peut parler à travers eux. Dieu peut dire quelque chose à travers nous, mais sommes-nous disposés à ce que notre chair l’exprime ? La capacité d’aimer vient de Dieu, c’est ainsi qu’il se donne à connaître. C’est donc en aimant qu’on atteste que l’on aime Dieu. 

Découvrez les extraits de la conférence

Prochainement Ensemble participons